Traversées

Traversées

Ce fut une victoire éblouissante, à l’élan fier et libre qu’on ne peut qu’embrasser pleinement

A s’y plonger d’insouciance, en désirer la pleine présence, l’insatiable aventure

Avant d’emprunter ivre le chemin des couronnes séchées, des ciels maussades, de voguer vers ses eaux troubles

Où ploient de tristes reflets, de vives blessures, une fleur de peau

Qui parlent aux fantômes, aux espoirs inexaucés, à la solitude sans miroir, colère des voix inaudibles

Genisse flamboyante, d’une horde presque éteinte, qui veut conter les deux faces d’un monde qu’elle ne peut que conquérir, avec fulgurance et quelques démons..

Puis revenir doucement vers de modestes lueurs qui vous ranime le cœur d’une tendresse presque oubliée,

Y panser secrètement son âme et reprendre le souffle, la vie devant soi

Alentejo

Alentejo

Des embruns aux forts j’ai traversé la terre dorée

Le repos des chevaux sous l’ombre des cyprès

Les chênes en liège entre ses champs de blé

Des robes cuivres ruminant au couché

Un ciel de faïences face aux menhirs dressés

L’ocre des falaises, la cité maure des oliviers

Cette douce mélancolie de saudade

Qui berce les fantômes, un océan d’exilés

Le silence des croix et d’épées

Au vent balayant les œillets

Ses terres arrogantes de récits oubliés

S’envolent majestueuses les cigognes d’un été

Guadalupe

Guadalupe

Traversée au pays des dieux

Du soleil, de la mort, de l’ivresse, de l’autre monde,

Suivre la procession des monarques, de vénérables gisants, le vol des aigles

Sous les masques de saints, des diables, d’homme-jaguar, c’est la lutte libre

Entre les murs invisibles, les marchands de rêves, les petites affaires

On prie notre Dame, les seigneurs de guerre, le patron céleste,

Au temple a succédé l’autel, à l’ombre des jacarandas,

Des yeux marrons portent la croix, le sang, l’enfant au visage pâle

Que l’on berce dans le hamac, avec quelques espoirs ou désillusions

Dans cette mue, le serpent n’a pas perdu toutes ses plumes

Les oiseaux-danseurs voltigent encore devant les royaumes défaits

La providence, la malinche, les révolutions soufflent toujours leurs vents contraires

Kabaré

Kabaré

Il est une île volcan qui s’égrène en villes saintes,

Entre les oratoires, la marche du feu, l’appel à la prière,

Depuis les hauts jusqu’aux vagues indiennes,

Sous les alizés, les chants volatiles, le craquement des bambous

Il est une île volcan, où se dresse le silence des plantations,

D’une vallée secrète, l’ombre de la chapelle pointue,

L’écho des cirques refuges, le maloya dans les varangues,

Un pays cascade, de domaines, de cases et de tôle,

Il est une île volcan, où s’illumine la couronne des pitons,

Le repli des bassins, le yogi du jardin d’état, la plage noire,

Cette nuit fournaise, la forêt de nuages, de fougères et bois de rose,

Sous la garde du ressacs, des requins bouledogues, du marron devenu oiseau

Il est une île volcan, où dansent le Dieu-singe et la fête cafre,

Les zoreilles de passage, des pattes jaunes, les hanches zarabes,

Le chemin vers Cilaos, le ventre du margouillat, les mangues dans le cyclone

Nos yeux ivres de verts, de bleus, de lave, walali walala

Little Boy

Little Boy

1921, mine de Shinkolobwe, Congo.

Edgar Sengier, directeur de l’Union minière du Haut Katanga, a commencé activement l’exploitation d’un minerai aux vertus rayonnantes pour la curiethérapie, la technologie militaire et les comptes de la florissante Société générale de Belgique, fer de lance de la colonisation industrielle du territoire depuis 1906. Si le trauma de l’Etat léopoldien n’est pas loin, le travail contraint et sous-payé marque le quotidien des mineurs congolais au sein du grand « scandale géologique ». Cette même année, le prédicateur Simon Kimbangu est condamné à mort pour rébellion anticoloniale. Un jugement, commué par le roi Albert 1er en prison à vie, qui l’amènera à purger sa peine à une centaine de kilomètres de Shinkolobwe, jusqu’à son décès en 1951.

Les ombres d’Hiroshima

L’usage stratégique de l’uranium, en particulier l’énergie phénoménale susceptible de s’en dégager, intéresse les grandes puissances en quête de ressources pour asseoir leur force létale à l’entrée de la guerre. En 1939, face à la menace nazie, Edgar décide de mettre à l’abri mille tonnes du précieux minerai en l’expédiant dans un entrepôt new yorkais. Un stock vendu trois ans plus tard au gouvernement américain, pressé de concrétiser l’arme ultime au sein du très secret et couteux projet Manhattan. Au joli nom de « Trinity », le premier essai nucléaire grandeur nature de l’histoire, est effectué le 16 juillet 45 dans le désert du Nouveau-Mexique et s’avère concluant sur les effets inédits de destruction d’une bombe à fission.

La rancœur laissée par l’attaque de Pearl Harbor en 41 et la volonté d’éteindre le jusqu’auboutisme impérialiste du Japon, malgré la capitulation récente de l’Allemagne, constituent le prétexte suffisant au président Truman pour valider le largage le 6 août 45 de « Little boy » sur Hiroshima et « Fatman » (boosté au plutonium) sur Nagasaki trois jours plus tard.

220.000 vies s’éteignent dans les secondes, les jours et semaines qui suivent les ondes de choc, les températures, irradiations et feux apocalyptiques. Pour les survivants, les « Hibakusha », ce seront les brûlures irréversibles, des corps déformés, une cécité à vie, la malformation de nouveau-nés, des cancers multiples, le souvenir des proches retrouvés calcinés, des fantômes figées par le flash de l’explosion sur les surfaces de béton encore debout.

Face au fracas médiatique provoqué par l’événement dans les pays alliés, où l’on s’interroge frénétiquement sur les effets et potentialités de la bombe qui a su imposer la reddition nippone et la fin de la guerre, le jeune écrivain Albert Camus partage une réflexion lucide et toujours actuelle : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ».

Quelques mois plus tard, c’est le tapis rouge pour Sengier qui devient le premier civil non américain décoré de la Médaille du mérite du gouvernement des Etats-Unis, avant d’être fait Chevalier commandeur honoraire de l’Ordre de l’Empire britannique, Commandeur de la Légion d’honneur française et Officier de l’Ordre de Léopold et de la Couronne par le gouvernement belge.

La course aux champignons

Juin 1946, échec du plan Baruch soumis par les USA pour contrôler la prolifération des armes nucléaires sous l’égide de l’ONU, tout juste créée. Méfiants envers leur rival, les Soviétiques ont plutôt suggéré un traité international mettant hors-la-loi la guerre nucléaire et imposant la destruction de l’intégralité de l’armement américain. Fin de non recevoir. L’URSS entame son projet nucléaire, menant à l’essai une première bombe en 1949. La course atomique est lancée, sur fonds de conflits chauds et froids à répétitions (blocus de Berlin déclenchant la création de l’OTAN et le Pacte de Varsovie en réaction, la guerre de Corée, du Vietnam, la construction du mur de Berlin, la crise des missiles à Cuba, la guerre civile en Angola, au Nicaragua, en Afghanistan, etc.).

Si de nombreux traités de non prolifération et la création de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (1957) poussent vers la détente, plus de 2000 explosions nucléaires vont être testées par les deux superpuissances et les nouveaux membres du club des champignons toxiques : Grande Bretagne (1952), France (1960), Israël (1963), Chine (1964), lnde (1974), Afrique du Sud (1982). Pendant que certains pays de l’Alliance transatlantique, comme la Belgique, les Pays Bas, l’Allemagne, l’Italie et la Turquie, acceptent progressivement d’héberger des ogives sur leur territoire, les uns et les autres produisent leur bombe A, H (thermonucléaire) ou N (à neutrons), des essais sous-marins, souterrains ou de très haute altitude, des missiles balistiques de longue portée, des ogives à têtes multiples et leurs lots de radiation d’archipels, de déserts ou de mers à l’abri des regards.

Parallèlement, l’usage civil du nucléaire se développe dès 1951 pour produire des centrales électriques qui procurent plus de 10% de la consommation mondiale aujourd’hui. Approvisionnement stable, coût bénéfice et manque d’alternatives efficientes sont les arguments les plus avancés jusqu’à nos jours par ses ardents défenseurs. Les accidents majeurs de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 ne freineront qu’un temps l’engouement pour l’atome, que seule une poignée de pays ont décidé de quitter (Suisse, Allemagne, Belgique, Italie, Québec). La Chine est en plein sprint et les leaders du business (Oreno, Westinghouse, General Electric, Siemens, Candu Reactors) ont encore de beaux jours devant eux. Le Japon, lui, fait fi de ses cataclysmes et poursuit l’aventure qui alimentent depuis des décennies les chaumières en électricité et mangas post-nucléaires.

Mais revenons à nos nuages assassins. L’implosion de l’Union soviétique a mis provisoirement un terme à la course du « c’est moi qui ait la plus grosse » avec la signature en 1991 du traité de réduction des armes stratégiques START1 qui prévoit une réduction progressive des armes nucléaires. La Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine, hôtes de quelques spécimens de l’ex-URSS s’engagent à les détruire ou à les transférer à la Russie. Malgré le cache-cache atomique avec l’Iran, le Pakistan et la Corée du Nord, ce sont le terrorisme islamiste et les cyberattaques qui occuperont le terrain et les craintes géopolitiques jusqu’il y a peu.

La réapparition d’une Russie conquérante et la montée en puissance de la Chine dans le peloton militaire replacent la dissuasion nucléaire au centre des déluges terrestres. Quant aux États-Unis, ils considèrent que leurs capacités nucléaires ne peuvent empêcher tous les conflits mais qu' »elles apportent une contribution unique à la prévention des actes d’agression de nature nucléaire et non nucléaire » (Examen de la posture nucléaire, publié par le gouvernement en 2018).

Vlad l’empereur

En dépits des pourparlers entamés avec les USA, le Royaume-Uni et la France, Vladimir a décidé d’attaquer de toutes parts le cousin ukrainien pour appuyer l’indépendance autoproclamée des séparatistes russophones de Donetsk et Lougansk, tout en fustigeant l’adhésion menaçante de l’Ukraine à l’OTAN. La Chine joue difficilement l’équilibriste entre soutien au grand voisin et vœux de désescalade, pendant que Kim Jong Un observe d’un léger sourire l’évolution de la situation. Poutine, en pleine coldwar-nostalgie, vient d’ordonner publiquement la mise en alerte de la force de dissuasion nucléaire russe.

Si « l’arme nucléaire est la fin acceptée de l’humanité » (Théodore Monod), osons espérer que ce nouvel épisode réveille à temps la réaction en chaîne de toutes les forces sensées et pacifistes, permettant à ce petit monde de survivre encore un peu à l’égo des potentats et à la folie de leurs fantasmes inexorablement éphémères. Mais comme l’histoire nous l’enseigne, les peuples ont tendance à souffrir d’amnésie.

GVL

Pandemia

Pandemia

Le monde est suspendu au ciel, ce vide laissé aux oiseaux, au vent libre des tumultes

D’un marché à l’odeur acre du sang, de chiens grillés, du grouillement sans tête

La mécanique s’enraye, le pas se fait plus lent et le chant des arbres s’écoute à nouveau

Face à la peur, la mort qui n’a jamais cessée, au pourrissement qui ne rôde pas qu’ailleurs,

On pense aux êtres chers, à l’enfant qui joue plus longuement, le regard qui s’étend

Au-delà des prophéties, du discours guerrier, des états d’urgence, du masque de vie

L’humanité s’observe fragile, grande éphémère, au ralenti des jours promenés

Dans le complot des hommes, des croissances déchues, des avoirs bien solitaires

La Terre tousse, ne meurt pas moins, s’éveille à l’autre futur, à des temps étrangers

Comme le premier tremblement, que nous pourrions entendre ou encore ignorer

Aux confins de nos foyers, des écrans de fumée, des feux sans cesse ravivés,

On rêve un peu plus, du profond sommeil se lèvent des espoirs assoupis, l’élan de clarté,

Un deuil se répand aux liens renoués ou lâches, à la nature qui de l’espace reprend,

Sur des pouvoirs déposés, des baisers infinis, des attentions nouvelles, la mort qui passe

L’impression aussi d’autres possibles, presque à portée de main, lavées d’illusions

A l’horizon d’envies, d’un courage à suivre, des deuils, d’un présent peut-être inespéré

Il était une fois dans l’Ouest

Il était une fois dans l’Ouest

L’enfant de Lisala*, élévé sous le goupillon colonial, décida qu’un beau jour il ne courberait plus l’échine, encouragé par la sirène du fleuve** qui, en pleine rêverie, l’interpela par ces mots :

A l’étranger gourmand
Tu sacrifieras l’étendard
Pour hisser tes galons
Au jeu des maîtres-pilleurs

Et n’oublies pas de m’honorer de sang pur, à chaque nouvelle lune, pour être au faîte de ta gloire…

A peine eut-il le temps d’ouvrir la bouche qu’elle disparut sous les flots.  Certes trop jeune pour saisir toute la teneur du songe, le petit Joseph s’en retourna chez lui empli d’un nouveau regard.

Les années passèrent sans qu’il ne cesse de repenser à cette étrange rencontre, convaincu  qu’il était promis à un grand avenir.  Devenu adulte, il se mit à glaner quelque grade d’officier et noua des amitiés d’indépendance, tout comme des liens discrets avec l’Oncle Sam et d’autres visages pâles.  Tandis que son camarade Patrice haranguait les foules d’une liberté si longtemps volée, le futur dealer de matières premières choisit de jouer une autre partition, encouragé par l’orchestre colonial de Belgique.

Si habilement qu’en hérault du peuple on passa du franc leader, baillonné et dissous dans les intérêts capitaux, au jeune colonel bien aligné sur le champ des convoitises. Aussitôt promu shérif° de l’Ouest par certaines chancelleries, Joseph n’allait pas s’en tenir à ce premier coup d’éclat…

Après la vague de ministres éjectables, un parti inique et l’amour martial habillèrent rapidement le règne de l’Aigle de Kawele, président fondateur de trois décennies de valses diplomatiques, de louanges à billets et d’éléphants blancs comme leurs assistances techniques.

Joseph s’installa ainsi confortablement sur le trône, édifiant son culte aux lie$$es populaires, paré d’une authenticité en toque et abacost.  Le papa national alla même jusqu’à descendre du ciel à l’ouverture de chaque journal télévisé.  Mais cette époque dorée, face aux évitables ajustements structurels du sacro-saint développement et à un bloc soviétique se déglinguant peu à peu, vit le marbre politique se fissurer peu à peu.

D’autant que la rue n’était pas dupe :

Sese seko mon oeil
NOUS sommes les guerriers
Les bataillons du système D
Pas de ton combat du siècle
Où tes victimes empliraient le stade

De fait, les fastueux banquets à Gbadolite ignoraient les estomacs creux de Matonge, les  millions de zaïre n’achetaient plus aucune illusion tandis que les crocodiles mangeaient copieusement de l’opposant. Le roi léopard devenait-il vincible ? Car il eut beau interroger le fleuve, aucune femme-poisson ne se pointait à l’horizon, ni les amis belges et d’Amérique d’ailleurs. Même le copain Baudouin ne répondait plus au téléphone pour les vœux de bonne année!

N’ai-je pas déjà consenti assez de sacrifices pour cette Mami Wata? Que veut-elle de plus se demandait-il jusqu’à l’obsession.

Si l’ouverture forcée aux voix plurielles donna au guide de la nation des larmes d’émotions, il s’accrocha à son sceptre quelques saisons des pluies encore, avant qu’un vieux maquisard contrebandier ne débarque de l’Est pour le lui ravir, au gré d’alliances inattendues.  Malgré une tape dans le dos du sage Madiba, c’est malade et désavoué de tous que le maréchal dut se réfugier fissa chez son confrère marocain du potentat.

Et là, au soir de sa vie, lors d’une promenade en bord de mer, la créature des eaux lui apparut une dernière fois pour transmettre ce funeste message :

Le pouvoir a un prix
Tes morts te réclament
Je t’ai promis la puissance
Pas la serénité de ton âme
Rejoins à présent le fils d’Onalua***

A ces mots, il s’effondra pour de bon, le cœur arrêté sur une question adressée à l’enfant de Lisala qu’il était : qu’aurais-je été sinon le monstre des colonies ?

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*Joseph-Désiré Mobutu

° Pensée pour les collègues Pinochet, Papa Doc, Hassan II, Trujilo, etc.

**Mami Wata

***Patrice Lumumba

Rhapsodie

Rhapsodie

Du chant de travail jaillit

L’écho refuge des vies meurtries

Doux chariot cheminant les voix inouïes

En prêches battant l’unité

Du chœur au point d’orgue levé

D’un blues se livrant au ciel étoilé

Dans le bayou du fifre créole

Louisiane danse la biguine frivole

Aux cymbales brisant les fers agricoles

Comme ce banjo qui trimbale

Depuis le Sud ces airs de cavale

Des cabarets jusqu’aux ghettos chorals

Au sillon des notes bleues

S’aiguille l’esprit, l’espoir radieux

Sous les accords libres, le souffle vertueux

La syncope des sans retour

Déchaînant les cordes et tambours

L’ardeur d’un roc sous une voix de velours

L’attitude pour allant

Le flot des mots tranchants

Des maîtres de cérémonie conquérants

D’un appel contre l’oubli

Où résonnent les cœurs insoumis

Du cri des plantations, du jazz, d’une symphonie

BO : https://www.youtube.com/playlist?list=PL0GuXE6srIuaVQfKLuMtZrwUK9NY46e5A

Solitudes

Solitudes

Elles forgent ce profond silence épousant nos fors intérieurs

Refuges d’abandon, du rêve, des grandes incertitudes,

Foyers muets d’où naissent l’élan, les vives déchirures,

Elles habitent d’étranges raisons, la beauté des montagnes,

Un brasier d’espoir, mille logorrhées avant le dernier soupir,

L’amour égaré, des maux incurables, le courage encore enfoui,

Elles nous promènent sur les chemins de campagne, la plage d’un hiver

Des images bien gardées, un ciel immense, de calmes vacuités

Dans les méandres de l’âme, des œuvres pures et parfois quelques vers