Une impression amère en billet d’espoir local
Aux passeurs des mers l’avenir se fait la malle
Pour de foutus papiers faut se mouiller à perte
Par chemins s’échapper de pages au corps inerte
Si la jambe croisée titre sans-papier c’est coton
Le fait divers sous-titre mâché la presse et violon
Décalquée au rouleau l’info feint la boulimie
Buvard du diner chaud elle s’avale jusqu’à la lie
Annoncez la couleur pas pied sans drapeau
Face au Nord contrôleur nulle réponse bateau
Alors Sud ton passeport pour l’importune visite
Sondent les sémaphores vers des mines proscrites
Au chant des sirènes c’est un phare d’escadrille
Parfois la coulée vaine, une vague de retour sans vie
L’Europe fait sa cocotte, Schengen son protecteur
Combien passent la porte d’une maison close de peur
A l’impression d’être volé, qu’il eut fallu mieux naître
Dans un présent vindicatif pour le futur de l’étranger
Soyons franco Germaine accueillir leurs géhennes
Soudanaise ou tchétchène est-ce bien notre veine
Ce cœur blasé de drames à la commande d’un écran
Gomme à souhait la trame par l’info-divertissement
A la roue de l’infortune meurt une famille en or
Est-ce donc le juste prix du public aux yeux morts
Par des recyclés d’infos, une série carbone USA
Les abrasifs like & xoxo, pas de j’aime pour Ceuta
Bouffant le grain quotidien Recto sort avec Visa
Sans carte clandestin, Verso s’agrafe à Lampedusa
En-tête de verres à bulles le ministre gaufré de soie
Acte les existences nulles, signées du rentre chez toi
On peut jouer au crayon rouge sans leçon à dicter
Le tableau ne bouge à l’aune du devoir manqué
Finissons la rhétorique, la dissertation d’un constat
Il y a des statistiques, certains hommes ne comptent pas
Adaptation musicale du texte par Loumèn : https://soundcloud.com/loumenmusic/les-hommes-papiers