The Fearless Vampire Killers or Pardon Me, But Your Teeth Are in My Neck  demeure l’une des plus douces rencontres avec les buveurs de sang.  Baroque et joyeusement effrayante, cette chasse aux démons a su jouer avec les archétypes de l’épouvante comme jamais. A l’instar d’Herbert, fils du Comte Von Krolock, dont les crocs raffolent fébrilement de la chair masculine, le grivois Shagal qui ne peut pencher totalement du côté obscur ou ce doux dingue professeur Abronsius, aussi perché qu’un Tournesol.

Les belles Dolomites se déguisent pour l’occasion en Carpates enneigées jusqu’au cou, où voisinent une auberge yiddish fourrée d’ail et un menaçant château. La coloration désuète des images accentue la fantasmagorie du paysage, des personnages et l’atmosphère burlesque de cette course-poursuite qui liera pour l’éternité – a l’écran comme à la ville – l’apprenti tueur de vampire Alfred (Roman Polanski) à la sublime Sarah (Sharon Tate).

Cette dernière y incarne une divine ingénue qui dilue son ennui du contrôle parental dans le plaisir des bains mousse. Le coup de foudre d’Alfred-le-niais pour cette marquise des anges lui fournira les roubignoles pour aller la soustraire aux morts-vivants. Mais, malgré leur bravoure, ses sauveurs ne pourront empêcher Sarah d’afficher deux jolies canines à l’issue du récit. Une fin tragique suggérant que le mal peut aussi l’emporter, comme le fut sa vie, poignardée par les suppôts de Manson, quelques mois après la sortie du film.

Si cela fait cinquante ans qu’elle repose sous la stèle d’un cimetière californien, sa présence spectrale continue d’hanter, à chaque regard, ce conte immortel.

 

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